Crise sanitaire : quels impacts sur la tarification des banques ?

Cette année 2020 si particulière va laisser des traces durables dans le secteur bancaire et impacter l’évolution des pratiques tarifaires. Les banques vont plus que jamais devoir se réinventer pour limiter la dégradation de leur PNB. Voici notre analyse.

Une situation économique dégradée

Pour prendre la mesure de la situation actuelle, voici quelques données clés qui parlent d’elles-mêmes. Un recul de près de 19 % du produit intérieur brut (PIB) est estimé par l’INSEE pour le deuxième trimestre de l’année 2020. Près de 23% des ménages connaissent une dégradation de leur situation financière sous l’effet de la baisse de l’activité économique, selon la même source. Plus d’un artisan-commerçant sur deux a vécu une baisse – parfois dramatique – de ses revenus.

Enfin, selon l’étude la plus récente de la Banque de France, les entreprises prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires de plus de 10 % sur l’année ; un tiers d’entre elles anticipent un risque de résultat négatif sur 2020 et reporteraient ou suspendraient leurs investissements.

Les banques en première ligne

Leur PNB sera probablement en baisse en 2020 car ses deux composantes (commissions et marge nette d’intérêt) sont fortement affectées.

Les banques devraient subir une dégradation de leurs conditions d’exploitation : chute du PNB, augmentation du risque, des charges peu compressibles, avec comme conséquence, une dégradation du coefficient d’exploitation et du résultat avant impôt.

A court terme, les commissions sur les flux qui représentent près de 50 % du PNB global des Pros et des Entreprises vont nettement se dégrader. La résurgence probable des commissions d’intervention sur les Particuliers et les Pros, après avoir marqué le pas au cours du confinement, ne compensera pas cette baisse. Certaines commissions, comme les forfaits « banque au quotidien » ou celles sur les assurances sont très stables ; d’autres comme les commissions de mouvement, l’acceptation monétique, le cash management, réagissent violemment au contexte économique.

L’endettement élevé des ménages et des entreprises en France, frappés par la crise sanitaire, continuera d’impacter négativement la production de crédit immobilier, de crédit moyen et long terme et surtout de crédit à la consommation. L’alourdissement du crédit court terme aux Pros et aux Entreprises portera un risque plus élevé et les banques de détail françaises devront continuer à prêter à bon marché. Dans ces conditions, la MNI (Marge Nette d’Intérêts) ne peut que continuer à baisser en 2021. Et le risque demeure la grande inquiétude de cette crise.

Les banques vont donc devoir faire preuve d’imagination pour non seulement continuer d’assurer leur rôle protecteur face à la crise mais aussi reconstituer leur PNB et leurs marges.

Sortir de l’impasse

Dans ce contexte, il sera plus que nécessaire de mettre en œuvre un pilotage efficace de la tarification et une parfaite maîtrise de ses facturations.  C’est peut-être l’occasion pour les banques de redonner du sens et de la cohérence à leur tarification, en la simplifiant, en traitant les irritants, et en valorisant mieux leurs services à la mesure de leur valeur perçue par les clients.  C’est aussi et d’abord l’occasion pour les banques de reprendre la maîtrise de leur facturation en rapprochant le plus possible le facturé du facturable et en assurant un contrôle pérenne de leurs processus de facturation.

Pierre Giraudon, Associé fondateur de Querya

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